vendredi 15 octobre 2010

Enthousiasme pour Kiss the past hello

Larry Clark : la polémique ou la condition du succès



La rétrospective Larry Clark, Kiss the past hello au MAM, suscite la polémique. Son interdiction aux moins de 18 ans n’empêche pas le public d’affluer, au contraire.

Kiss the past hello est la première rétrospective photo en France regroupant l’ensemble de l’œuvre de l’artiste. Un peu plus de 200 photographies sont exposées, revenant sur plus 50 ans de travail. La seule série Teenage Lust (1983) a suscité la controverse. En effet, elle regroupe une dizaine de photos montrant des adolescents dans des postures à caractère pornographique ou en pleine scène de shoot.




Bertrand Delanoë en accord avec Fabrice Hergott, directeur du MAM, a justifié l’interdiction de cette exposition aux mineurs par la loi sur la protection de l’enfance. Depuis la polémique enfle. Les professionnels de l’art agitent le drapeau de la censure, les politiques celui de la légalité. Les journalistes ont relayé les inquiétudes des deux parties.

Le Musée quant à lui ne peut que s’en réjouir. Ghislaine Mainvielle, caissière au MAM depuis 4 ans confirme le succès de l’événement. Selon elle, le musée n’a d’ailleurs jamais attiré autant de jeunes. Le premier jour, l’exposition a compté 1990 visiteurs, et se maintient aux alentours de 2000 visiteurs par jour depuis, contre 300 habituellement pour les autres expositions.

Cette interdiction interpelle sur ce qu’un établissement public peut légitimement montrer. Il va sans dire qu’Internet recèle d’images choquantes en libre accès pour les plus jeunes. La question est ici surtout de savoir ce qu’il serait justifié de « muséifier ». Pour le pédopsychiatre Serge Tisseron, en tant que repère culturel et sociétal le musée a évidemment une grande responsabilité à l’égard de son public concernant les œuvres qu’il propose. Alexandre, 28 ans, visiteur de l’exposition, pense pour sa part que la nécessité est plutôt dans l’explication de l’image au jeune public que dans son interdiction pure et simple. L’exposition aurait pu être l’occasion de cette démarche didactique. La Mairie s’y est refusée. Les moins de 18 ans resteront derrière leur écran.



Infos pratiques
Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
11 avenue du Président Wilson 75116 Paris
Tél : 01 53 67 40 00
Accès Bus : lignes 32, 42, 72, 80, 82 et 92
Métro : ligne 9 - Arrêts Alma-Marceau ou Iéna
RER : ligne C - Arrêt Pont de l'Alma
Station Vélib': 2 avenue Marceau
Ouvert du mardi au dimanche jusqu'à 18h
Nocturne le jeudi jusqu'à 22h
Tarifs
Plein tarif : 5 €
Tarif réduit : 3,50 €
Demi tarif : 2,50 €
Exposition interdite aux moins de 18 ans.

L'exposition Larry Clark interdite aux mineurs



Pourquoi censurer l'exposition de Larry Clark aux moins de 18 ans, avant même son ouverture le 8 octobre au Musée d'Art Moderne de Paris? Eclaircissements juridiques.


La frilosité parisienne est contagieuse. Cette décision a provoqué un durcissement de la politique du musée des beaux-arts de Berne et du centre Paul Klee, en Suisse. Deux jours avant l'ouverture, les directeurs des musées ont décidé pour la première fois d'exclure deux clichés de l'exposition "Vice et volupté", par peur de "blesser (certaines) sensibilités". Pourtant, toutes les plaintes suscitées par les clichés de l'artiste en Suisse ont toujours abouti sur un non-lieu juridique.


Echaudée par les conséquences de l'exposition "Présumés innocents. L'art contemporain et l'enfance" au Capc de Bordeaux en 2000, la mairie de la ville de Paris a voulu prendre ses précautions, explique Christophe Girard, adjoint à la Culture. La Mouette, association de protection de l'enfance, avait porté plainte contre l'ex-directeur du Capc, Henry-Claude Cousseau, et les deux commissaires de l'exposition, Stéphanie Moisdon et Marie-Laure Bernardac, pour "corruption de mineur".


Bertrand Delanoë, le maire de Paris, invoque l'article 227-24 du Code pénal relatif à la pornographie pour expliquer cette interdiction. Toute diffusion d'un message vu par un mineur à "caractère violent ou pornographique (...) est puni de trois ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende".

Bertrand Delanöe anticipe donc toute éventuelle attaque, pour sauver l'intégralité des photos de l'artiste... et les caisses de la mairie ?



Censurer pour une plus grande liberté? Même Larry Clark, d'abord "choqué et surpris" dans un entretien au Monde du 2 octobre, a l'air de se conformer à l'idée, semblant satisfait de la pub qu'apporte cette interdiction.




Mais peut-on dire que le travail de Larry Clark est à caractère pornographique ou pédophile?

Christophe Girard, dans le Libération du 8 octobre, avoue lui-même le caractère "généraliste" du code pénal, ne permettant aucune "nuance entre ce qui est montré dans un musée (...) ou sur Internet."

Finalement, le procès de l'exposition bordelaise n'a pas eu lieu, et "l'Enfer" de la BNF, section cachée d'ouvrages érotiques et pornographiques, est ouvert en 2007 au public de plus de 16 ans seulement...

En tout cas, la loi rend bien les Français bien frileux, puisque ce n'est non pas Paris musées qui a osé publier le catalogue, mais la galerie londonienne de Larry Clark.

mercredi 13 octobre 2010

Larry Clark, hors-la-loi?

La mairie de Paris et le musée d'art moderne interdisent aux moins de 18 ans l'exposition de Larry Clark, avant même son ouverture le 8 octobre, Paris musées n'ose pas publier le catalogue... Pourquoi une telle frilosité ? Eclaircissements juridiques.


Principe de précaution 

Echaudée par les conséquences de l'exposition "Présumés innocents. L'art contemporain et l'enfance" au Capc de Bordeaux en 2000, la mairie de la ville de Paris a voulu prendre ses précautions, explique Christophe Girard, adjoint à la Culture. La Mouette, association de protection de l'enfance, avait porté plainte contre l'ex-directeur du Capc, Henry-Claude Cousseau, et les deux commissaires de l'exposition, Stéphanie Moisdon et Marie-Laure Bernardac, pour "corruption de mineur".

Bertrand Delanoë, le maire de Paris, invoque l'article 227-24 du Code pénal relatif à la pornographie pour expliquer cette interdiction. Toute diffusion d'un message vu par un mineur à "caractère violent ou pornographique (...) est puni de trois ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende".
Bertrand Delanöe anticipe donc toute éventuelle attaque, pour sauver l'intégralité des photos de l'artiste... et les caisses de la mairie ?


Censurer pour une plus grande liberté? Même Larry Clark, d'abord "choqué et surpris" dans un entretien au Monde du 2 octobre, a l'air de se conformer à l'idée, semblant satisfait de la pub qu'apporte cette interdiction, sur BFMTV.

Mais peut-on dire que le travail de Larry Clark est à caractère pornographique ou pédophile? 
Christophe Girard, dans le Libération du 8 octobre, avoue lui-même le caractère "généraliste" du code pénal, ne permettant aucune "nuance entre ce qui est montré dans un musée (...) ou sur Internet." Et du coup balaie l'idée d'un simple avertissement à l'entrée de l'exposition.
Finalement, le procès de l'exposition bordelaise n'a pas eu lieu, et "l'Enfer" de la BNF, section cachée d'ouvrages érotiques et pornographiques, est ouvert en 2007 au public de plus de 16 ans seulement...


Échos en Suisse

La frilosité parisienne est en tout cas contagieuse. Cette décision a provoqué un durcissement de la politique du musée des beaux-arts de Berne et du centre Paul Klee, en Suisse. Deux jours avant l'ouverture, les directeurs des musées ont décidé pour la première fois d'exclure deux clichés de l'exposition "Vice et volupté", par peur de "blesser (certaines) sensibilités". Pourtant, toutes les plaintes suscitées par les clichés de l'artiste en Suisse ont toujours abouti sur un non-lieu juridique.

vidéo et photos interdites de Larry Clark à paris (sex et drogue)