La mairie de Paris et le musée d'art moderne interdisent aux moins de 18 ans l'exposition de Larry Clark, avant même son ouverture le 8 octobre, Paris musées n'ose pas publier le catalogue... Pourquoi une telle frilosité ? Eclaircissements juridiques.
Principe de précaution
Echaudée par les conséquences de l'exposition "Présumés innocents. L'art contemporain et l'enfance" au Capc de Bordeaux en 2000, la mairie de la ville de Paris a voulu prendre ses précautions, explique Christophe Girard, adjoint à la Culture. La Mouette, association de protection de l'enfance, avait porté plainte contre l'ex-directeur du Capc, Henry-Claude Cousseau, et les deux commissaires de l'exposition, Stéphanie Moisdon et Marie-Laure Bernardac, pour "corruption de mineur".
Bertrand Delanoë, le maire de Paris, invoque l'article 227-24 du Code pénal relatif à la pornographie pour expliquer cette interdiction. Toute diffusion d'un message vu par un mineur à "caractère violent ou pornographique (...) est puni de trois ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende".
Bertrand Delanöe anticipe donc toute éventuelle attaque, pour sauver l'intégralité des photos de l'artiste... et les caisses de la mairie ?
Censurer pour une plus grande liberté? Même Larry Clark, d'abord "choqué et surpris" dans un entretien au Monde du 2 octobre, a l'air de se conformer à l'idée, semblant satisfait de la pub qu'apporte cette interdiction, sur BFMTV.
Mais peut-on dire que le travail de Larry Clark est à caractère pornographique ou pédophile?
Christophe Girard, dans le Libération du 8 octobre, avoue lui-même le caractère "généraliste" du code pénal, ne permettant aucune "nuance entre ce qui est montré dans un musée (...) ou sur Internet." Et du coup balaie l'idée d'un simple avertissement à l'entrée de l'exposition.
Finalement, le procès de l'exposition bordelaise n'a pas eu lieu, et "l'Enfer" de la BNF, section cachée d'ouvrages érotiques et pornographiques, est ouvert en 2007 au public de plus de 16 ans seulement...
Échos en Suisse
Échos en Suisse
La frilosité parisienne est en tout cas contagieuse. Cette décision a provoqué un durcissement de la politique du musée des beaux-arts de Berne et du centre Paul Klee, en Suisse. Deux jours avant l'ouverture, les directeurs des musées ont décidé pour la première fois d'exclure deux clichés de l'exposition "Vice et volupté", par peur de "blesser (certaines) sensibilités". Pourtant, toutes les plaintes suscitées par les clichés de l'artiste en Suisse ont toujours abouti sur un non-lieu juridique.
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